Date de publication :
mercredi 7 septembre 2016
Consultations sur l'enseignement supérieur
Nos premières impressions
Profitant du vendredi précédant le long weekend de la fête du Travail, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec a publié un court communiqué de presse annonçant le début des consultations sur l’enseignement supérieur. Bien de son temps, le ministère prend soin de relayer l’information sur Facebook à 19 h 20… On pourrait difficilement faire mieux pour que l’annonce passe sous silence. Pourtant, une consultation de cette importance mérite une meilleure stratégie de communication si l’objectif en est de réunir tous les acteurs de l’éducation supérieure et non pas une poignée d’initiés ou d’organismes déjà sélectionnés. La crainte que l’exercice soit téléguidé et que les conclusions soient déjà finalisées pour l’essentiel se confirme lorsqu’on prend connaissance du calendrier de la consultation. En effet, ceux qui désirent déposer un mémoire doivent le faire au plus tard le 3 octobre 2016, ce qui laisse moins d’un mois pour rédiger un avis ! Le délai n’est sans doute pas un obstacle majeur pour les acteurs institutionnels comme la Fédération des cégeps, qui ont à leur disposition les ressources nécessaires pour respecter un échéancier aussi serré (à moins que leur avis ne soit déjà écrit ?) mais il va sans dire que pour les étudiants, les enseignants et les citoyens concernés qui veulent se faire entendre, il est beaucoup plus difficile de produire un mémoire dans de telles conditions. Une fois les mémoires déposés, la consultation elle-même aura lieu du 6 au 14 octobre 2016. Souhaitons que M. Corbo et M. Demers, les deux « experts » qui entendront les avis des « partenaires », maîtrisent les techniques de la lecture rapide, car ils n’auront que deux jours pour prendre connaissance des derniers mémoires qui seront soumis avant le début des audiences !
Dans le document préparatoire à la consultation, on apprend que trois grandes questions seront abordées :
Devant les défis auxquels font face les cégeps, plusieurs résultant des coupes imposées par le gouvernement depuis 2010, la création de deux nouvelles structures comme le Conseil des collèges ou la Commission mixte ne vont pas contribuer à améliorer concrètement le quotidien des étudiantes et étudiants ni celui des personnels. Plusieurs tâches qui incomberont au Conseil des collèges sont déjà sous la responsabilité de structures existantes comme le Conseil supérieur de l’éducation et la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC). Un changement de nom et un brassage d’organigrammes ne sont pas ce dont les cégeps ont besoin de toute urgence ! En fait, ce dont les cégeps ont besoin est un nouveau modèle de financement qui efface les compressions des dernières années et assure des ressources suffisantes à toutes les institutions, qu’elles soient en région ou dans un grand centre comme Montréal. Malheureusement, il n’est aucunement mention de financement dans le document préparatoire.
Par ailleurs, il importe de savoir que les modifications au RREC qui font l’objet de discussions sont directement inspirées du rapport Demers, dont l’auteur est l’un des « experts » de la consultation. Affirmer être surpris, ce serait mentir ! Ce qui est surprenant, toutefois, c’est la manière dont on laisse entendre que le milieu de l’éducation collégiale « converge » vers les recommandations du rapport Demers, en particulier en ce qui a trait au grand besoin « de souplesse et de flexibilité » des cégeps. En fait, plusieurs se questionnent à savoir si ce prétendu manque « de souplesse et de flexibilité » est véritablement le problème principal des cégeps à l’heure actuelle. Qui plus est, certains croient que le type de souplesse que le gouvernement du Québec veut donner aux institutions locales pourrait accroître les défis du réseau collégial. Permettre la création de programmes à la carte répondant aux besoins ponctuels des entreprises, est-ce vraiment le gage d’une formation qualifiante et polyvalente pour nos étudiant-es ? Si les cégeps commencent à se faire compétition entre eux en créant des programmes pointus et en bradant les exigences d’entrée, risque-t-on un nivellement par le bas afin d’attirer la « clientèle étudiante » en ces temps de baisse démographique ? C’est sans parler des ouvertures faites à une plus grande flexibilité sur des sujets comme la notion de « cours », le calendrier scolaire et le DEC par cumul d’AEC.
Enfin, l’exécutif du SPECS-CSN croit qu’il est essentiel de se faire entendre lors de la consultation sur l’enseignement supérieur afin de défendre une conception de l’enseignement collégial qui nous ressemble. À cet effet, l’exécutif demandera un mandat de l’assemblée générale du SPECS-CSN afin de présenter un mémoire. Les membres du SPECS-CSN sont également en droit de connaître à quelle enseigne notre direction loge sur les questions qui seront traitées lors des consultations. L’exécutif sollicitera donc un mandat afin de demander officiellement à la direction du Cégep de Sherbrooke de rendre publique sa vision de notre institution. D’autres éléments en lien avec la consultation sur l’enseignement supérieur seront abordés lors de l’assemblée générale du 13 septembre prochain. Soyons nombreuses et nombreux à participer aux discussions !
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Communiqué de la FNEEQ publié le 6 septembre 2016 (*.pdf)
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