Elle a épinglé une boucle blanche sur son veston.

Pour Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte.
Mais aussi...

Elle a épinglé une boucle blanche sur son veston.

Pour Zainab, Sahar, Geeti Shafia et Rona Amir Mohamed.
Pour Emmanuelle Phaneuf.
Pour ces femmes victimes de crimes de guerre,
pour celles tombées dans les escaliers une fois de trop,
pour celles qui survivent en silence,
et pour toutes celles qui se lèvent.

Elle a épinglé une boucle blanche sur son veston.

Pour dénoncer ce retour en arrière,
ces appels au contrôle des corps des femmes de plus en plus fréquents,
ces armes qui se dressent de plus en plus près d’elle, de plus en plus près d'elles
...

Elle a épinglé une boucle blanche sur son veston.

Pour Thérèse Casgrain,
pour Marie Gérin-Lajoie,
pour Micheline Dumont,
pour Madeleine Parent,
pour Françoise David,
pour Alexa Conradi.

Pour sa fille, pour ses nièces, pour ses cousines,
Mais aussi pour son fils et tous les hommes prisonniers du conformisme de genre.

Elle a épinglé une boucle blanche sur son veston.

Une boucle pour cette solidarité, qu’il lui faudra trouver.
Une boucle qui construira les appuis des hommes et des femmes
qui croient en la richesse de la différence.

Elle a épinglé une boucle blanche sur son veston...

Et elle rêve d’en voir une sur tous les vestons.
Aujourd’hui 6 décembre,
23 ans après Polytechnique,
1 an après l’abolition du registre des armes à feu,
Aujourd’hui, 6 décembre.

Julie Dionne