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REPORTÉELa communauté du Cégep de Sherbrooke vit des moments difficiles. Les compressions budgétaires à répétition imposées par le gouvernement ont des conséquences désastreuses pour notre institution et pour les gens qui y travaillent. Concrètement, ce sont des projets pédagogiques qui sont interrompus, des postes qui sont abolis, des collègues qui perdent leur emploi, des services aux étudiant-es réduits... Il va sans dire que le moral n’est pas au mieux dans de nombreux services au Cégep. Dans un contexte déjà moribond, les offres gouvernementales transmises la semaine dernière n’ont rien pour améliorer la situation. Si l’on doit trouver un mot pour les décrire, « méprisantes » est celui qui convient le mieux. La partie patronale désire non seulement nous appauvrir pour les cinq prochaines années, mais en plus, elle cherche à accroitre notre tâche déjà trop lourde et trop peu reconnue, et à remettre en question le modèle collégial en s’attaquant à notre autonomie professionnelle et collective pour des raisons « d’efficience managériale ». En raison de la situation actuelle, plusieurs intervenants de la communauté collégiale, des enseignant-es mais aussi des membres des autres syndicats, ont remis en question la pertinence de la tenue d’une demi-journée pédagogique portant sur la « pédagogie universelle » le 13 janvier prochain. Ne serait-il pas plus pertinent d’organiser une activité dont l’objectif est de défendre le Cégep et ses travailleuses et travailleurs, comme l’ont fait d’autres collèges du Québec ? Étant donné la morosité ambiante, il semble qu’une discussion portant sur la « pédagogie universelle » devrait plutôt avoir lieu à un autre moment. Cette possibilité a été présentée à la direction des études par des membres du comité organisateur de la journée pédagogique. Faute d’écho positif, le SPECS-CSN a été mis au jeu. Une non-reconnaissance du travail enseignant Déjà, l’exécutif du SPECS-CSN était ambivalent vis-à-vis du thème projeté pour la matinée pédagogique lors de sa présentation initiale. En effet, la « pédagogie universelle » est une approche visant à modifier notre enseignement et nos méthodes d’évaluation afin qu’elles soient « accessibles » à tous types d’étudiant-es, en particulier ceux ayant des problèmes d’apprentissage associés à une condition handicapante. Au même titre que les bâtiments sont maintenant conçus afin d'être accessibles aux personnes handicapées par l’intégration de rampes, d’ascenseurs, de salles de bain adaptées, etc., et ce, dès leur conception, nos cours devraient être remodelés pour que tous les élèves, qu’ils soient en situation de handicap ou non, puissent bénéficier d’un « meilleur accès » à la réussite. Cette analogie avec l’architecture est au coeur de l’argumentaire pour la « pédagogie universelle ». C’est ainsi que certains de ses défenseurs affirment que, tout comme c’est l’environnement qui est handicapant et non la personne qui est handicapée, c’est aussi l’approche pédagogique, lorsqu’elle n’est pas « universelle », qui est handicapante. Sans même entrer dans le débat entourant la validité scientifique du concept, une chose saute aux yeux : la « pédagogie universelle » demande aux enseignant-es de revisiter leur approche pédagogique globale, et donc de transformer substantiellement leurs cours. Or, il n’y a aucune ressource disponible pour qu’ils puissent faire ce travail. De plus, rappelons que c’est l'employeur, et non les enseignant-es, qui a la responsabilité légale d’offrir les mesures qui permettent l’intégration des étudiant-es en situation de handicap (EESH). Notons aussi que la partie patronale a fait la sourde oreille à toutes nos demandes portant sur cette question dans ses offres sectorielles ! Est-ce à dire que nous, enseignant-es, aurions l’odieux de prendre sur nous, sans ressources supplémentaires, un engagement pour lequel la partie patronale refuse de discuter et d’investir ? Filons la métaphore architecturale : l’architecte, dans sa soumission, ajoutera les coûts de la construction d’une rampe, de l’ajout d’un ascenseur, du matériel spécifique à des salles de bain adaptées. Or, on nous suggère de modifier notre approche pédagogique pour rendre nos activités d’enseignement et d’apprentissage accessibles à tous, mais de grâce, ne chargeons à personne le temps qu’il nous en coûtera pour y arriver !... « Faire moins avec moins » La direction générale du Cégep de Sherbrooke a affirmé qu’on ne peut plus faire « plus avec moins » et qu’on doit apprendre maintenant « à faire moins avec moins ». L’exécutif du SPECS-CSN partage cet avis. La matinée pédagogique, par son sujet et par le contexte, constitue une occasion toute désignée d’en faire « moins avec moins », et nous croyons qu’elle devrait être annulée au profit d’une autre activité, plus au diapason de l’actualité des personnels du Cégep et plus respectueuse de la posture difficile dans laquelle ils se trouvent. C’est pourquoi, en collaboration avec les acteurs de la matinée pédagogique, le SPECS-CSN a avisé la Direction des études de cette position et de notre intention de prendre les moyens nécessaires pour qu’elle soit entendue, au nom du respect des travailleuses et des travailleurs du Cégep de Sherbrooke. En conséquence, la Direction des études a convenu de reporter la demi-journée pédagogique à un moment plus opportun. Au début janvier, vous recevrez un courriel du SPECS-CSN dans lequel plus de détails vous seront donnés au sujet de l’activité qui remplacera la matinée pédagogique. Solidarité, L'exécutif du SPECS-CSN
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Responsable de la rédaction: Catherine Ladouceur Secrétariat: Luc Loignon |