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Perspective syndicale sur la campagne électorale

Lors du déclenchement de la campagne électorale, rares sont celles ceux qui auraient prédit que des enjeux syndicaux se retrouveraient au coeur des débats. Deux évènements ont contribué à cette situation inattendue. D’abord, il y a eu la décision du Parti Québécois d’éliminer de son programme électoral la modernisation de la loi anti-briseurs de grève. Ensuite, il y a eu la sortie de François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec, en faveur d’une loi qui, entre autres, restreindrait l’utilisation des cotisations syndicales et qui imposerait de nouvelles exigences encadrant le processus de syndicalisation. Selon nous, il s’agit de développements inquiétants qui appellent une réponse de la part du mouvement syndical.

La modernisation de la loi anti-briseurs de grève : une nécessité

L’efficacité du mouvement syndical repose sur la capacité des syndicats à créer un rapport de force suffisant avec les employeurs. Au Québec, deux mécanismes existent et rendent possible ce rapport de force : la formule Rand et la loi anti-briseurs de grève. La formule Rand assure que les syndicats reçoivent les cotisations de toutes les personnes salariées sous leur accréditation, ce qui leur donne les moyens financiers nécessaires pour accomplir leur mission. La loi anti-briseurs de grève, quant à elle, fait en sorte qu’un employeur ne peut pas se soustraire aux impacts négatifs d’une grève légale ou d'un lockout en faisant appel à du personnel surnuméraire.

La transformation du monde du travail au cours des dernières décennies a contribué à réduire l’efficacité de la loi anti-briseurs de grève en place au Québec. Il est maintenant possible pour des employeurs de respecter la lettre de la loi sans pour autant respecter son esprit. Il en résulte un dangereux déséquilibre au profit de la partie patronale et une érosion du rapport de force des syndicats. Le conflit il y a quelques années au Journal de Montréal, propriété de l’entreprise Québécor qui était dirigée à l’époque par Pierre Karl Péladeau, constitue un exemple de cette nouvelle réalité. Le recours à la sous-traitance et au travail à la pige ainsi que la création d’outils permettant le télétravail ont permis à Québécor d’imposer un lockout de 25 mois à ses travailleuses et travailleurs syndiqués sans véritables conséquences négatives pour l’entreprise. Sans rapport de force réel, les travailleuses et travailleurs du Journal de Montréal, par ailleurs syndiqués à la CSN comme nous, ont dû accepter d’importantes réductions de leurs conditions de travail.

À la suite de ce long et pénible conflit, il est devenu clair pour plusieurs intervenants syndicaux, et même certains acteurs patronaux, qu’un rééquilibrage des forces était nécessaire. Le Parti Québécois (PQ) s’était engagé à travailler dans cette direction dans son programme électoral précédent. Malheureusement, cet engagement est disparu de la plateforme électorale du PQ en 2014.

La syndicalisation et l’utilisation des cotisations par les syndicats

François Legault de la CAQ veut réformer le processus de syndicalisation et l’utilisation des cotisations syndicales afin de rendre le tout plus « moderne » et « transparent ». Or, ce que M. Legault considère « moderne et transparent » constitue en fait une diminution significative du pouvoir d’action des syndicats.

À l’heure actuelle, lorsque des travailleuses et des travailleurs désirent se syndiquer, il faut procéder par une campagne de signatures de carte d’adhésion. Lorsqu’une majorité de collègues a adhéré, il est possible de procéder à la création du syndicat. François Legault désire remplacer ce processus par un vote secret lors d’une assemblée afin d’éliminer « la contrainte et l’intimidation » de la part des travailleuses et travailleurs militant pour la syndicalisation (lire sur le site de Radio-Canada).

L’analyse du chef de la CAQ est loin d’être convaincante, car elle omet de considérer la situation actuelle du monde du travail. Au cours des dernières années, la contrainte et l’intimidation ont surtout été l’apanage d'employeurs qui semblent prêts à tout pour éviter la syndicalisation de leur personnel. Pensons ici à Couche-Tard, Walmart et McDonald. La baisse constante du taux de syndicalisation, particulièrement dans l’entreprise privée, met à mal l’hypothèse selon laquelle plusieurs travailleuses et travailleurs se syndiquent contre leur gré ! Si ce scénario n’est pas impossible, il semble peu probable et beaucoup moins inquiétant que le problème inverse ! Il faut noter que la syndicalisation se déroule habituellement dans un contexte où les conditions de travail et les relations avec l’employeur sont tendues, sinon mauvaises. Imaginez un peu la réaction d’un employeur à l’annonce de la tenue d’un vote de syndicalisation dans son entreprise. La méthode de « signature de cartes » permet d’agir avec une plus grande discrétion, ce qui protège les travailleuses et les travailleurs des représailles qu’il y ait syndicalisation ou non.

Plusieurs politiciens et employeurs aimeraient imposer des limites à l’utilisation des cotisations syndicales. Sachant que les syndicats luttent souvent contre les politiques néolibérales, on peut comprendre pourquoi certains désirent les museler. Ce n’est pas sur cette base toutefois qu’ils justifient leurs propositions de réforme. Ils laissent plutôt sous-entendre que les cotisations sont utilisées par les syndicats pour faire du lobbying et de la « propagande » sans l’accord de leurs membres. Pourtant, les orientations politiques et l’utilisation des cotisations syndicales ne sont-elles pas déterminées lors d’assemblées où les membres ou leurs représentantes et représentants votent librement. Plutôt que du lobbying illégitime, l’action sociale et politique des syndicats s’inscrit directement dans leur mission qui est celle de protéger les droits des travailleurs. Peut-on vraiment croire qu’il est possible de lutter pour l’amélioration des conditions de travail sans être partie prenante des grands débats concernant l’organisation sociale, économique et politique de notre société ? De plus, le mouvement syndical ne doit pas s’enfermer dans une vision strictement corporatiste qui se limite à l’application des conventions collectives des travailleuses et travailleurs déjà syndiqués, car il perdrait sa véritable raison d’être, de laquelle il tire sa légitimité morale, qui est celle de protéger les droits de TOUTES les travailleuses et de TOUS les travailleurs. C’est pour cette raison que le mouvement syndical n’est pas qu’un simple groupe d’intérêt au profit d’un groupe minoritaire.

Le SPECS-CSN et les élections provinciales

Le mouvement syndical, ne l’oublions pas, a contribué d’une manière exceptionnelle à l’amélioration des conditions de vie non seulement des travailleuses et des travailleurs, mais de la société dans son ensemble. L’atteinte de l’équité réelle demeure malheureusement encore lointaine. En fait, on constate plutôt un accroissement dangereux des inégalités socioéconomiques au cours des dernières années. L’action syndicale demeure donc essentielle et il faut défendre les conditions qui la rendent possible.

Le SPECS-CSN est un organisme non partisan. « Non partisan » ne signifie pas pour autant qu’on doive se taire pendant la période électorale, particulièrement si des enjeux syndicaux sont à l’avant-scène. Nous vous soumettons ce texte afin de faire entendre une perspective syndicale qui a trop rarement droit au chapitre dans les médias de masse.

Élections québécoises 2014

La position de la CSN en 2 minutes

Jacques Létourneau, président de la CSN,
expose la position de la centrale en 2 minutes.


[Écouter la vidéo]

Élections du 7 avril et
participation des étudiantes et étudiants

Depuis le début de la campagne électorale les professeurs de Politique tiennent au Cégep de Sherbrooke un kiosque d'information au pavillon 3 afin de sensibiliser les étudiantes et les étudiants à l'importance des enjeux électoraux et à l'importance de la participation électorale.

À cet égard, nous vous invitons toutes et tous, peu importe le champ disciplinaire, à aborder les enjeux électoraux et à inciter vos étudiantes et étudiants à exercer ce droit démocratique fondamental. Les études nous démontrent que l'habitude de ne pas aller voter se prend jeune ! En effet, les jeunes qui ne vont pas voter à la première élection à laquelle ils sont inscrits, sont ceux qui développent l'abstentionnisme chronique.

Notre mission est aussi la formation de citoyennes et citoyens informés et engagés!

Raphaël Chapdelaine
Clermont Olivier
Marc-Antoine Turcotte
Pour les professeurs de Politique

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PS: Pour la première fois lors d'une élection au niveau québécois, il y aura un bureau de vote à l'intérieur des murs du Cégep, quelques jours avant la journée des élections. L'exécutif syndical profite de l'occasion pour vous suggérer de faire part à vos élèves de l'importance d'aller voter. Vous pourriez le faire notamment par MIO, ou encore de vive voix.

Débat électoral organisé par
Solidarité populaire Estrie

Solidarité populaire Estrie (SPE), coalition d'organismes communautaires, syndicaux et étudiants dont fait partie notre Syndicat, a pris l'initiative d'organiser un débat électoral. L'événement se déroulera au Cégep.

À noter qu'on demande aux gens de s'inscrire à l'avance s'ils souhaitent y assister.

Plateformes électorales - Éducation

[Source]

Poste téléphonique 5330 - specsCSN@CegepSherbrooke.qc.ca

Responsable de la rédaction: Jean-Thomas Courchesne
Secrétariat: Luc Loignon